Je connais un oiseau qui est trop fainéant pour voler.
Il habite dans ma rue.
Ma rue côté Nord, qui s’appelle La rue Poissonnière .
C’est assez bien trouvé comme lieu de résidence pour un oiseau.
Mon oiseau est une tourterelle.
Tourterelle est le nom vernaculaire générique donné à des oiseaux appartenant principalement à trois genres de la famille des Colombidés.
Bien.
Mais.
La tourterelle qui habite rue Poissonnière n’appartient à rien, ni à personne.
C’est un oiseau qui ne vole pas.
C’est un oiseau qui marche.
Qui n’utilise ses ailes qu’en cas d’extrême urgence.
Seulement lorsque ses deux toutes petites pattes ne vont pas assez vite.
Jusqu’au dernier moment elle reste au milieu de la route quand une voiture arrive. Elle marche de travers, regarde à droite, à gauche, analyse (on dirait) le temps qu’il lui reste avant l’impact, & sait d’avance de quel côté il va falloir qu’elle galope.
Alors que son œil est plus lourd que son cerveau.
Je pense que je connais un oiseau, une tourterelle, qui a déblayé d’un seul coup de patte tout ce que pensais savoir sur les oiseaux.
Je pensais que les oiseaux étaient un peu cons.
Je pensais que ne pas avoir de bras, c’était louche.
Je pensais que les oiseaux ne passaient leur temps qu’à s’envoyer en l’air.
Je pensais que les oiseaux se moquaient de nous parce qu’on n’avait pas de plumes, pas d’ailes.
Parce qu’on était incapables de picorer.
Je pensais que les oiseaux étaient tous des couards de première.
Mais pas ma tourterelle.
Moi je pensais tout savoir sur les oiseaux.
J’avais seulement oublié que parfois, ils avaient du courage.