La peine.

Elle m’a fait de la peine.

Je l’ai croisée dans le rayon des produits d’hygiène, & elle m’a fait de la peine.

 

Parce qu’elle ne s’attendait pas à me croiser depuis tout ce temps.

Parce qu’elle n’a pas su quoi faire de ses mains,

parce qu’elle n’a pas su quoi faire de ses bras.

Parce qu’elle était embarrassée de son corps en entier.

 

Elle m’a fait de la peine parce qu’elle a vu qu’elle avait plus vieilli, plus grossi, plus blanchi.

Parce qu’elles lui ont pété à la gueule en 2 secondes toutes les années à blanchir sans s’en apercevoir.

 

Elle m’a fait de la peine parce que j’étais aussi surprise qu’elle de la revoir.

De la reconnaître.

Parce que je me foutais bien qu’elle ai vieilli, grossi, blanchi.

Parce que je ne les aurais même pas vu ses grasses rides blanches si elle ne me les avait pas montré.

 

Elle m’a fait de la peine parce qu’elle a chassé son envie de me parler. Parce qu’elle a tourné la tête & attrapé le premier flacon qui venait, & que le premier flacon qui venait c’était une crème anti-rides.

Elle l’a ouvert, reniflé, elle a fait rouler ses yeux pour me regarder enfin, par dessus le couvercle du produit qui lui cachait la moitié du visage.

J’étais déjà partie.

Je n’aime pas qu’on me fasse de la peine.

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