Je dois vous dire que je vais partir.
Que ça sent le carton ici, & que chaque chose sur laquelle je pose mes yeux a un poids.
250 grammes environ pour un livre.
250 grammes pour des mois de travail & des heures de lecture.
Multipliés par 1.000 à peu près.
Je dois vous dire que j’ai mis tous les livres dans les cartons.
Sans compter vraiment.
Je dois vous dire que partir
c’est revivre un peu,
c’est manger debout,
c’est dormir quand on peut,
c’est remonter
Loin
& descendre.
Bas.
Que c’est la trouille aussi.
Je dois vous dire que mettre les livres dans les cartons, c’est comme dire au revoir, à bientôt.
C’est accepter de ne plus lire tout le temps que dureront les cartons.
Je dois vous dire que la voisine continue de chanter. Comme si les livres n’étaient pas dans les cartons.
Je dois vous dire que mes filles continuent de danser. Comme si les livres n’avaient jamais été là.
Je dois vous dire que partir
c’est vous quitter encore.
C’est mourir un peu,
c’est accepter de manger assise, un jour,
c’est recommencer à dormir,
c’est descendre loin
& puis remonter.